Exposition en Janvier 2009, à l'espace d'exposition Handle With Care (Crest, 26)
Crest, 1er janvier 2009
De l'infinitésimal au carré.
Pour beaucoup, l'image photographique est LA preuve, LA trace de la réalité ou LE rendu par excellence qui nous conforte dans nos croyances et nourrit notre connaissance du monde… Certes, dans toutes photographies – même trafiquées – un zeste de réalité nous ramène à l'expérience, à du déjà vu, à du familier. Il commence à en être autrement, lorsque deux ou plusieurs photographies dialoguent ou se corrompent, nous renvoyant à un univers impénétrable par notre seul vécu. De même, au sein d'une seule photographie, lorsque les traditionnels repères spatiaux sont absents au profit d'une vue distancée ou rapprochée, l'image fabrique son sujet hors de toute attente et nous surprend. Immédiatement, nos certitudes vacillent, nous sommes, insidieusement, invités à douter de la cause et des effets ; là, la fiction pointe le bout de son nez, le chaos guette, le culte de la vraisemblance est mis à bas.
Les images que Diane réalise sont habitées. Anges, démons, génies s'associent pour préserver la part de grâce sourde et infinitésimale du monde. Nous sommes au cœur de ce qui grouille sous herbe, dans la respiration de la terre matricielle et douce. Plus vite que la vision, la prise photographique capture le sensible, le temps de sa mise en vue. Des lieux vierges fouillés en profondeur nous réconcilient avec ce que nous avons toujours cru savoir de la vie sauvage, coutumière et ordinaire, de laquelle nous dépendons. Afin de mieux saisir, à notre tour, la puissance de l'apparente facilité avec laquelle Diane a opéré, il convient de nous promener dans les images ; ainsi s'opèrent glissement, perte des langages, abandon des clichés, conquête d'une liberté qui modifie les concepts, et avec eux, le sens des images. En représentant le monde autrement, en cadrant du fugitif dans l'instant, Diane outrepasse les lois naturelles de la vision ; elle vérifie la logique du souffle, elle interroge le repos du guerrier, elle envisage le dérapage, elle sonde l'erreur, elle établit et éprouve ses convictions.
Enfin, en personnifiant l'Ephémère – L'éphémère a fait ce que la fée n'ose faire – Diane cède aux images le droit de nous autoriser d'y saisir celles du rêve.
Lydie Rekow, théoricienne de l'art.
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